Souveraines T1 by Laura Sebastian

Souveraines T1 by Laura Sebastian

Auteur:Laura Sebastian [Sebastian, Laura]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Casterman
Publié: 2022-03-02T09:42:10+00:00


Cette nuit-là, Sophronia relate la réunion à Violie pendant que celle-ci l’aide à retirer sa robe pour enfiler sa chemise de nuit, puis lui tresse les cheveux. Elle passe sur certains détails que la servante n’a pas besoin de connaître (par exemple, la façon dont elle a eu recours au chantage pour obtenir l’accord de la reine Eugenia, ou encore la confirmation de ses soupçons sur les manigances de cette dernière avec son frère), mais elle ne voit pas de mal à lui raconter le reste. Si Violie ne lui avait pas déniché le premier lot de factures de sa maison, Sophronia n’aurait peut-être jamais su à quel point les choses allaient mal à Temarin.

— Tu aurais dû voir Leopold. Il était magnifique. Je l’ai à peine reconnu.

— On dirait que vous avez vous-même été magnifique, Sophie, répond Violie en nouant sa natte avec un ruban jaune.

Sophronia rougit, mais elle sait que Violie a raison : elle a été magnifique. Elle a tenu bon face à trois des personnes les plus puissantes de Temarin, les a mises face à leurs responsabilités, a défendu une solution qu’ils détestaient et même menacé une reine pour obtenir gain de cause. Elle ne peut s’empêcher de se souvenir de toutes les fois où elle a plié devant sa mère au moindre conflit. Elle n’a jamais été capable de se défendre.

Mais il ne s’agissait pas de se défendre elle, cette fois-ci, réalise-t-elle. Il s’agissait de défendre les autres, le peuple de Temarin, qui est incapable de le faire lui-même. C’est ce qu’elle a fait, et elle en est fière.

— L’impératrice ne sera pas ravie, je parie, dit Violie en sortant Sophronia de ses pensées.

— L’impératrice ? demande-t-elle lentement, le front plissé, croisant le regard de la jeune fille. Qu’est-ce que ma mère a à voir avec quoi que ce soit de tout ça ?

Violie cligne deux fois des yeux avant de secouer la tête avec un petit rire.

— Excusez-moi, je voulais parler de la reine Eugenia. Une vieille habitude, je suppose. Impératrices, reines, je m’y perds un peu quelquefois. Pourquoi y a-t-il des mots différents pour la même fonction, de toute façon ?

— Oh, dit Sophronia, quelque peu surprise.

Elle a entendu l’histoire si souvent en grandissant qu’elle s’est sûrement enracinée dans son esprit, mais même si Violie a grandi à quelques kilomètres d’elle, c’était un monde entièrement différent.

— Eh bien, il y a des siècles, l’empire bessemien incluait le continent entier : Temarin, Cellaria et Friv. Quelques guerres plus tard, ces terres ont été rendues, les indépendances obtenues : Bessemia est devenue la petite mais fière nation qu’elle est aujourd’hui, mais le titre est resté. Comme tu l’as souligné, vieille habitude.

Violie sourit.

— Eh bien, ce que je voulais dire, c’est que la reine Eugenia n’a pas dû être ravie. Elle a envoyé une servante solliciter un rendez-vous avec vous demain matin, même si solliciter est sans doute un euphémisme.

— Ah oui ? répond Sophronia, son estomac lui tombant dans les talons, mais elle n’est pas surprise : Eugenia ne semble pas être le genre de personne à chuter sans combattre.



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